La Fête dans les Rues d’Attenschwiller (ou Strossafascht) ne date pas d’hier : en 1998, elle en était en effet à sa 25e  édition… Cette manifestation est née le 13 octobre 1974 sous la houlette de M. Louis KRICK, alors instituteur et secrétaire de mairie, qui est parti d’un constat : les Kilbes, qui, auparavant, représentaient le seul événement non religieux réunissant l’ensemble de la communauté villageoise, ainsi que parents et amis venus de près et de loin, ne faisaient plus recette.

Une fête qui a du succès !(Photo: R. Bubendorf)

Au printemps de cette année 1974, M. KRICK a donc réuni les présidents des associations locales pour leur proposer une nouvelle formule : disséminer des points d’attraction dans le centre du village. Pour cela, chaque société avait toute liberté d’aménager une grange ou une étable en une guinguette accueillante et conviviale. L’idée était d’offrir aux visiteurs la possibilité de passer une agréable après-midi, de se promener dans les rues, d’assister à des animations en plein air, d’admirer des expositions, de s’attabler dans la guinguette la plus accueillante, au son d’un orchestre, pour déguster l’un des nombreux menus concoctés par les associations. Le slogan de cette première fête était en effet  » Dix guinguettes, dix menus, dix orchestres « .

A l’intérieur d’une guinguette (Photo: R. Bubendorf)

Les soirées qui précédèrent l’événement, le centre du village ressemblait à un vaste chantier, qui occupait une bonne partie de la population. Chaque association y mettait du sien et aménageait sa guinguette selon ses moyens. Une fois achevé, l’ensemble avait néanmoins fière allure.

Et le 13 octobre 1974 à 11 heures, pour la première, le succès fut au rendez-vous, malgré un temps maussade. L’affluence fut considérable, les menus furent liquidés dès 13 heures, les prestations des chorales, de la musique et des enfants de l’école reçurent un accueil chaleureux. L’ambiance fut fantastique et se prolongea bien au-delà de minuit. Le résultat dépassa les espérances les plus folles. M. KRICK avait vu juste.

Attenschwiller a, ce jour-là, innové avec une formule qui sera reprise par la suite par de nombreux villages de la région.

Depuis plus d’un quart de siècle maintenant, Attenschwiller a su faire évoluer la Fête, tout en restant fidèle à l’esprit originel.

La Fête dans les Rues d’Attenschwiller a lieu chaque année le premier dimanche du mois d’octobre.

À Attenschwiller, le carnaval se déroule d’une manière bien particulière que l’on ne trouve nulle part ailleurs… En effet, les héros en sont les  » affreux bossus « , qui hantent les rues du village pendant les quatre jours précédant le mercredi des cendres.

Il est certain qu’au bout de ces quatre jours, les démons de l’hiver sont définitivement chassés !

Une visite des  » affreux bossus  » (photo: R. Bubendorf)

Un  » affreux bossu  » se reconnaît facilement : il porte un masque le plus souvent choisi pour sa laideur prononcée. Il s’habille de vieilles fripes extravagantes récupérées dans les greniers. Il se rembourre le ventre, le dos et les épaules avec oreillers et mousse afin de former les fameuses bosses. Il s’équipe d’accessoires les plus hétéroclites et enfin, pour être sûr d’être méconnaissable, il déguise également sa voix !

Ainsi grimés, des groupes  » d’affreux bossus  » se promènent dans le village en faisant de nombreuses étapes chez les habitants. Là, attablés devant des produits maison (vin, schnaps, saucisses, beignets, …), les discussions sont enflammées. Le but pour l’hôte étant de deviner l’identité des étranges visiteurs grâces aux nombreuses blagues, anecdotes et taquineries qu’ils ne manquent pas de lui lancer. Le but de ces derniers étant bien entendu de garder le secret sur leur identité le plus longtemps possible…

Une fois reconnus, les  » affreux bossus  » tombent les masques et la visite se termine en apothéose dans l’hilarité générale. Après avoir remercié leur hôte pour son accueil, la petite bande repart vers de nouvelles aventures…

Une autre troupe en visite (photo: R. Bubendorf)

Le samedi et le mardi soir, des bals de carnaval, événements hauts en couleurs, ont lieu à la Halle de la Liberté. Les  » affreux bossus « , plus extravagants que jamais, assurent l’ambiance, entraînant le public… Le clou de la soirée est le sketch joué dans la salle par plusieurs groupes de carnavaliers qui remporte toujours un vif succès tant le sujet choisi est caricaturé de manière pertinente…

Quelle belle équipe ! (photo: R. Bubendorf)

Le choeur d’hommes Liederkranz caricaturé (photo: R. Bubendorf)
Une chaude ambiance… (photo: R. Bubendorf)

Le dimanche après-midi, les adeptes du carnaval ne se déplacent pas à pied, mais en  » char  » : des véhicules maquillés en fonction d’un thème particulier (souvent un événement marquant de l’année écoulée), bricolés pendant de longues semaines, parcourent le village avec un accompagnement sonore et lumineux qui ne les fait pas passer inaperçus ! Animation garantie dans les rues du village, d’autant plus que mises-en-scène et mini-spectacles ponctuent l’après-midi…

Une grande famille de sorcières (photo: R. Bubendorf)

L’heure du casse-croûte ! (photo: R. Bubendorf)

La tradition du Butzimummel est perpétuée chaque année à la mi-carême par les jeunes qui vont faire leur profession de foi. L’un d’entre eux, généralement le plus grand, incarne le Butzimummel. Ce personnage représente une sorte de démon de l’hiver, dont le nom viendrait de Butzmann, un lutin qui, d’après la légende, hantait les puits et les fontaines.

Le Butzimummel en 1978… (Photo: R. Bubendorf)

Les jeunes commencent par envelopper le Butzimummel de la tête aux pieds avec de la paille tressée, lui confectionnent une longue queue recourbée, toujours avec de la paille, le coiffent d’un panier à pain et enfin lui remettent son  » sceptre  » : une longue perche de bois. La dernière opération consiste à décorer le Butzimummel de fleurs de papier coloré…
triangle_rouge.gif (1264 bytes)     Tout ce petit monde va ensuite de maison en maison pour quémander des œufs ou quelques pièces de monnaie qui seront déposés dans de grands paniers d’osier, également décorés de fleurs. Devant chaque porte, ils chantent cette rengaine :

Hett esch Mittelfaschtà
Heiland eleis

D’r Schnider hett à grossà Kopf
S’gäb jo fascht à Opferstock
Heiland eleis

D’r Schnider hett à grossa Magà
S’gäb jo fascht à Suppàhafà
Heiland eleis

D’r Schnider hett à gross Chnie
S’got jo fascht à Seschter Weisà d’ri
Heiland eleis

Und wenn der is kàini Eier wànd gà
So müess eich d’r Iltis d’Hiener nà
Heiland eleis

Traduction :

C’est aujourd’hui la mi-carême

Le tailleur a une grosse tête
On pourrait presque en faire un tronc à offrande

Le tailleur a un gros estomac
On pourrait presque en faire une soupière

Le tailleur a un gros genou
Qui pourrait presque contenir un quartaut de blé

Et si vous ne nous donnez pas d’œufs
Que le putois vous prenne vos poules

L’expression Heiland eleis, mélange d’allemand et de grec (« Kyrie eleison »), qui revient régulièrement dans la chansonnette signifie « Seigneur prends pitié ».

Il existe d’autres couplets qui ne sont plus repris aujourd’hui:

Und wenn der is kài Màl wànd gà
So müess eich d’r Acker kài Frucht me gà

Und wenn der is kài Eil wànd gà
So müess eich d’r Bäum kài Nuss me gà

Und wenn der is kài Spàck wànd gà
So müess eich d’Säu kài Flàisch me gà

Traduction :

Et si vous ne nous donnez pas de farine
Que le champ ne vous donne plus de blé

Et si vous ne nous donnez pas d’huile
Que l’arbre ne vous donne plus de noix

Et si vous ne nous donnez pas de lard
Que le cochon ne vous donne plus de viande

…et en 1998 (Photo: R. Bubendorf)

Enfin, au bout d’une longue après-midi de promenade harassante dans le village, le Butzimummel et sa troupe se retrouvent chez l’un d’entre eux pour une soirée œufs-au-plat…

La relève de 2011

photo G.Poure